A coeur nu
Je ne sais plus écrire, disait-elle, alors elle mangeait les mots dans les livres et les recrachait aussitôt dans le bouillonnement de l'oubli auquel elle s'accrochait à coeur nu. Elle fixait ce soleil insolent inondant son jardin et dévorant ces restes d'hiver dénudé.
Je ne veux plus écrire, assurait-elle, et la nuit les mots s'invitaient au bal de son insomnie, ils dansaient jusqu'à l'ivresse dans son combat avec eux. Au matin, pantelante, elle avait oublié jusqu' à la moindre bribe de leurs accords alors elle s'abandonnait à l'inertie refusant les effluves du printemps
Je voudrais écrire, pensait-elle, et reprenait la plume et les idées
revenaient en grignoter la pointe pour cracher des voyelles et des
consonnes se chevauchant, copulant entre elles pour enfin les donner ces
mots de jamais, de toujours, jusqu'à accoucher de phrases incongrues
restées accrochées à son cordon ombilical.
Elle écrirait le sens de la vie, rêvait-elle, elle riait, elle n'avait rien compris et puis parfois tout était si clair qu'elle en avait peur. Elle retournerait bien au bois, à n'en plus revenir mais qu'irait-elle y chercher à part peut-être un lit douillet de mousse et de mots perdus dans les arbres, les décrocher et s' endormir dans leur foisonnement
Ema
© Tous droits réservés
Elle écrirait le sens de la vie, rêvait-elle, elle riait, elle n'avait rien compris et puis parfois tout était si clair qu'elle en avait peur. Elle retournerait bien au bois, à n'en plus revenir mais qu'irait-elle y chercher à part peut-être un lit douillet de mousse et de mots perdus dans les arbres, les décrocher et s' endormir dans leur foisonnement
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